Les femmes changent le visage de l’application de la loi canadienne — et il est grand temps

Par Frédéric Serre

Le 15 novembre dernier, avec environ 400 personnes à l’intérieur de la magnifique grande salle de bal du majestueux hôtel Marriot Château Champlain, au centre-ville de Montréal, les membres de cornemuses Black Watch du Royal Highland Regiment of Canada ont dirigé une congrégation de 43 policiers et policières. C’est dans cette salle où devait débuter la 20e édition du gala des Prix policiers du Québec, mettant en vedette de nombreux fanfares et apparats — bref, une cérémonie inoubliable.
Parmi les personnes honorées lors de cet événement glamour, 11 étaient des femmes. À première vue, il peut sembler que les femmes ont encore beaucoup de chemin à parcourir avant d’atteindre une égalité complète entre les rangs de la famille des forces de l’ordre de notre pays. Et pourtant, le chiffre, même symbolique, révèle la réalité de la situation policière au Canada.
Mais c’est aussi une réalité qui évolue lentement.
Selon Statistique Canada, le 15 mai 2017, le Canada comptait 69 027 policiers, soit 168 de plus que l’année précédente. Cela représente un taux d’effectifs de police de 188 agents pour 100 000 habitants et une baisse de 1% par rapport à l’année précédente. Il marque également la sixième année consécutive de baisse du taux d’effectif de la police.
En même temps, les femmes représentaient 21% des officiers assermentés. Les femmes ont continué à être de plus en plus représentées dans les rangs les plus élevés des services de police. Elles représentaient 15% des membres de la haute direction en 2017 — la plus forte proportion jamais enregistrée – contre 7% en 2007 et moins de 1% en 1986.
En attendant les statistiques de 2018, il serait prudent de dire que les choses se passent bien pour les femmes policières canadiennes à travers le pays.
Et où se situe la GRC dans tout cela?
Aujourd’hui, environ un cinquième des membres de la GRC (membres réguliers) sont des femmes, et de plus en plus de femmes se retrouvent dans les rangs supérieurs (inspecteur et
au-dessus). En avril 2016, la GRC comptait 18 462 membres, dont 3 979 étaient des femmes. Parmi les 3 882 employés civils de la GRC, 2 017 étaient des femmes.
Au fil des ans, la GRC a connu une augmentation claire et constante de la représentation des femmes à différents niveaux de promotion. Bien que l’équité n’ait pas encore été pleinement réalisée, les femmes obtiennent généralement le rang d’officier supérieur dans les proportions attendues par rapport aux hommes.
À titre d’illustration, à partir de février 2017, le pourcentage de femmes officiers commandants est passé de 12,5% (2011) à 31%. Le pourcentage de femmes officiers responsables des enquêtes criminelles est passé de 14% (2011) à 20%, et le pourcentage de candidates retenues dans le programme des candidats officiers est passé de 24% (cycle de 2011-2012) à 62% en 2016.
Il est clair que les femmes font la différence dans les services de police canadiens. Ils continuent de faire un excellent travail à travers le Canada et, dans ce numéro d’Action, notre section consacrée aux 19e et 20e galas des Prix policiers du Québec en est un exemple. J’invite les lecteurs à consulter les récits qui se cachent derrière
les lauréats: récits de courage et d’engagement altruiste à servir et à protéger. Comme le soulignent nos reportages, les Prix policiers
du Québec sont uniques aux services de police canadiens, car
les candidats à ces prix sont proposés par leurs pairs et le gala est organisé par quatre syndicats de services de police.
Je suis personnellement impliqué dans ce gala depuis 20 ans et ce jour-là, en novembre dernier, lorsque les 43 policiers et policières sont entrés dans la salle de bal, j’ai eu la chance de prendre une photo d’une policière en particulier. Ce qui a attiré mon attention lorsque j’ai pris sa photo, c’est le regard dans ses yeux.
C’est l’une de mes photos préférées de ce jour-là, car son regard semble raconter une histoire commune — un regard qui semblait dire: “Hé, beaucoup de flics font un travail incroyable tous les jours, ils travaillent dans l’ombre, et je ne suis pas plus spécial que quiconque, mais, hé, merci pour cette reconnaissance, cela fait une différence.”
Emmanuelle Chamberland était cette jeune policière. Elle est membre du Service de sécurité publique de la MRC des Collines-de-l’Outaouais, qui dessert la petite ville de Chelsea, au Québec, située à environ 10 kilomètres au nord d’Ottawa.
Chamberland a été honorée au gala parce qu’elle a sauvé la vie de deux personnes en une journée, lors de deux incidents distincts. Et dans les deux cas, elle a sauvé les deux personnes de la noyade. Tout s’est passé le 25 juillet 2016, au matin, lorsqu’une femme âgée atteinte de l’Alzheimer est tombée dans une rivière.
Quelques heures plus tard, un homme a appelé la police pour dire qu’il allait se suicider en sautant dans le lac Meech. Chamberland et ses deux partenaires ont répondu. Chamberland a sauté à l’eau. Il lui a fallu 20 minutes pour atteindre la victime inconsciente et le ramener à terre où ses collègues ont pris le relais. Les agents ont fouillé le sac à dos de l’homme et découvert qu’il était chargé d’un gros rocher lourd. L’homme a été emmené à l’hôpital, où il a ensuite été soigné.
Lors du cocktail traditionnel pré-gala à l’hôtel, l’un des collègues de Chamberland a plaisanté avec moi que Chamberland aurait facilement prouvé sa valeur en ne sauvant qu’une victime de la noyade ce jour-là, mais non, elle a dû se surpasser et en sauver deux!
L’histoire des exploits de Chamberland et d’autres reportages qui se trouvent dans ce numéro d’Action témoignent de tout ce qui est juste en ce qui concerne les Canadiennes dans l’application de la loi, et comment, comme Chamberland, elles font un effort supplémentaire pour laisser leur marque.

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